pa3558c.jpg Paul Lachine

Les suites de la chute de la zone euro

NEW YORK – La crise de la zone euro semble avoir atteint son maximum, avec la Grèce au bord de la faillite et une sortie sans gloire de l'Union monétaire, et à présent avec l'Italie sur le point de perdre son accès au marché. Mais les problèmes de la zone euro sont bien plus préoccupants. Ils sont structurels et ils affectent gravement au moins quatre autres économies. Celles de l’Irlande, du Portugal, de Chypre et de l'Espagne.

Pendant la dernière décennie, les PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne) ont été des consommateurs de premier et dernier recours de la zone euro, dépensant plus que leurs revenus et affichant des déficits toujours plus importants de leurs comptes courants. Pendant ce temps, le noyau de la zone euro (l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche et la France) ont  joué leur rôle de producteurs de premier et dernier recours, ont dépensé moins que leurs revenus et affiché des excédents de comptes courants toujours plus importants.

Ces déséquilibres des balances des paiements sont également motivés par la force de l'euro depuis 2002 et par la divergence entre les taux de change réels et la compétitivité au sein de la zone euro. Des coûts unitaires de main-d’ouvre ont chuté en Allemagne et dans d'autres parties du noyau (puisque la croissance des salaires a retardé celle de la productivité), conduisant à une dépréciation réelle et à une augmentation des surplus de compte courant, alors que l'inverse s'est produit dans les PIIGS (et Chypre), conduisant à une réelle plus-value et à un élargissement des déficits des comptes courants. En Irlande et en Espagne, l'épargne privée s'est effondrée, et une bulle immobilière a alimenté une consommation excessive, alors qu’en Grèce, au Portugal, à Chypre et en Italie, des déficits excessifs ont exacerbé les déséquilibres des balances des paiements.

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