Quelle mission pour la Banque centrale européenne ?

CAMBRIDGE – Les récentes déclarations de Mario Draghi, le président de la BCE (Banque centrale européenne) et d'Ewald Nowotny, membre du Conseil des gouverneurs de la BCE, ont relancé le débat sur les limites du domaine d'intervention de la BCE. Il ne s'agit pas simplement de ce que le traité de Maastricht autorise la BCE à faire, mais surtout du bien-fondé d'une autre politique pour cette institution.

Nowotny, également gouverneur de la banque centrale autrichienne, a suggéré d'accorder une licence bancaire au Mécanisme européen de stabilité (le MES), si la Cour constitutionnelle allemande autorise sa création, ce qui lui permettrait d'emprunter auprès de la BCE et d'accroître considérablement sa capacité d'achat d'obligations souveraines de la zone euro. Par la suite, Draghi a affirmé que la BCE fera tout ce qu'il faut pour empêcher les primes importantes liées au risque souverain d'entraver sa politique monétaire.

Cette déclaration reprenait l'argumentaire de son prédécesseur, Jean-Claude Trichet, pour justifier l'achat par la BCE d'une partie de la dette souveraine des pays de la zone euro. Il n'est pas étonnant que les marchés financiers aient interprété cela comme l'annonce de l'achat par la BCE d'obligations d'Etat espagnoles et italiennes dans le cadre de son programme SMP, comme elle l'a déjà fait au début de l'année. Bien que ses achats précédents à hauteur de plus de 200 milliards d'euros n'aient pas eu d'effet sur les primes de risque de ces pays, elle pourrait maintenant aller bien au-delà. Mais la BCE doit-elle s'engage sur cette voie ?

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