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Le blues de l’impeachment

WASHINGTON, DC – La procédure de destitution contre le président américain Donald Trump a ceci de particulièrement désolant qu’elle n’est pas à la hauteur des chefs d’accusation dans cette affaire. Certains Démocrates de la Chambre des représentants, en premier lieu desquels l’élu de Californie Adam Schiff, président de la Commission du renseignement de la Chambre, semblent pour leur part saisir tout le sérieux de la question qui leur est soumise. En revanche, la plupart des Républicains – encouragés par un Donald Trump qui leur reproche souvent de ne pas œuvrer suffisamment en sa faveur – sont en mission de recherche et de destruction. La speaker de la Chambre Nancy Pelosi, longtemps réticente à enclencher l’impeachment, a perdu le contrôle des membres et sympathisants de son parti sur cette question au cours de l’été, et se retrouve plongée dans ce qu’elle craignait : une lutte partisane acharnée.

Au risque d’établir un malheureux précédent en laissant impunis les nombreux autres abus de pouvoir de Trump, Pelosi a restreint l’enquête de destitution aux activités présidentielles pour lesquelles des preuves concrètes existent, dont elle et ses alliés démocrates estiment qu’elles seront facilement compréhensibles pour l’opinion publique américaine. Cela signifie que Trump et ses défenseurs auront moins de cibles à abattre.

Ainsi, l’enquête se concentre sur le fait que Trump ait suspendu le versement d’une aide militaire approuvée par le Congrès de 391 millions $ à l’Ukraine, ainsi que la perspective d’une rencontre à la Maison-Blanche vivement souhaitée par le nouveau président du pays, Volodymyr Zelensky, pendant que Trump et ses collaborateurs faisaient pression pour obtenir des faveurs politiques susceptibles de leur être utiles dans le cadre de l’élection américaine de 2020. Les dirigeants américains ont en particulier demandé à l’Ukraine d’enquêter sur le fils de l’ancien vice-président Joe Biden, Hunter, qui avait maladroitement accepté un siège très rémunérateur au conseil d’administration d’une compagnie gazière ukrainienne, à l’époque à laquelle son père était en charge de la politique américaine en Ukraine. (Tous deux ont nié avoir commis le moindre acte répréhensible, ce que confirment les examens effectués à ce jour).

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