px2146c.jpg Pedro Molina

Pas de quartier pour la presse!

LJUBLJANA - Les dirigeants se succédant au fil de l’histoire n’ont pas manqué de loyauté envers la technologie de communication de leur temps, pour préserver le système dans lequel ils régnaient. De nos jours, les gouvernements sont sans doute encore tentés de voler au secours des journaux et de la télévision publique, sous prétexte que nos démocraties sont menacées. Freiner l’évolution technologique ne sert à rien, pas plus aujourd’hui qu’hier. Au système politique (et aux médias) de s’adapter à ses innovations.

Les médias d’information traditionnels, plongés dans une crise existentielle face à la désaffection des lecteurs et des spectateurs au profit des nouvelles technologies, sollicitent de plus en plus la générosité des gouvernements, comme les banquiers, les fabricants d’automobiles et les professionnels de l’énergie solaire. Mais, nuance oblige, la cause des uns est plus noble que celle des autres. Les médias sont une pierre angulaire de la démocratie. Si les citoyens sont livrés aux blogs et aux tweets, sans journalistes pour leur donner les nouvelles, vont-ils savoir quelle politique soutenir?

Ces préoccupations relèvent d’une peur immémoriale. Quand les citoyens auront, pour citer Platon, “beaucoup appris sans maître, ils s’imagineront devenus très savants, et ils ne seront pour la plupart que des ignorants,” et l’histoire, par la suite, sera chargée des échos de cette peur, depuis l’anathème de l’Eglise catholique contre les caractères mobiles de Gutenberg, jusqu’aux récriminations de la bourgeoisie victorienne contre l’instauration d’une presse libre.

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