North Korean leader Kim Jong-un with U.S. President Donald Trump Kevin Lim/The Strait Times/Handout/Getty Images

Le despote et le diplomate

DENVER – En 2005, quand j'étais négociateur en chef des États-Unis pour les pourparlers à six sur le programme nucléaire de la Corée du Nord, j'ai consulté les instructions reçues pour ma première réunion, un banquet organisé par les Chinois, comprenant une délégation nord-coréenne. S'il avait été prévu de porter des toasts (ce qui n'est pas incongru dans les banquets chinois), je n'étais pas censé m'y joindre. Apparemment, on s'attendait à ce que je m'asseye là, sans toucher mon verre, en lançant des regards noirs les bras croisés jusqu'à ce que chacun se soit installé à table. Plus tard, quand j'ai visité la Corée du Nord pour la première fois, on m'a recommandé de ne pas sourire à mes hôtes. Apparemment, on s'attendait à ce que j'adresse seulement des regards durs et fixes.

Donald Trump a évidemment modifié ces recommandations. En fait, avec son éloge sans fin des qualités de meneur d'hommes de Kim Jong-un, son salut maladroit et impromptu de l'un des généraux de Kim et son approbation en faveur de toutes les affaires nord-coréennes (en particulier le projet potentiel de promotion immobilière du littoral), Trump a quasiment abandonné toute prétention des États-Unis à promouvoir un ensemble de valeurs de plus larges. Mais bien que Trump ait peut-être dépassé son objectif initial, l'idée que la délégation américaine doive s'asseoir sans toucher les verres à l'heure porter un toast sonne tout aussi faux.

En septembre 1995, durant le dernier mois de la guerre en Bosnie, la délégation américaine de négociations de paix, sous la direction du Secrétaire d'État adjoint Richard Holbrooke, est arrivée à Belgrade pour des pourparlers avec le dictateur de Serbie, Slobodan Milošević. Selon Milošević, il ne parvenait pas à contraindre les Serbes de Bosnie à retirer leurs armes lourdes et à quitter le siège sanglant de quatre ans de Sarajevo. Il a demandé à Holbrooke de rencontrer les dirigeants serbes de Bosnie, Radovan Karadžić et Ratko Mladić, qui ont tous les deux par la suite été condamnés pour crimes de guerre. Holbrooke a demandé où ils étaient. « Là-bas dans cette villa, » a répondu Milošević. « Est-ce que peux leur parler ? »

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