A box containing viles of human embryonic Stem Cell cultures Sandy Huffaker/Getty Images

Le Saint Graal de l’ingénierie génétique

HONG KONG – Depuis son apparition il y a une quarantaine d’années, l’ingénierie génétique suscite de grand espoirs dans les domaines de la santé, de l’agriculture et de l’industrie. Mais elle engendre également une profonde inquiétude, notamment en raison de la nature laborieuse du processus d’édition génomique. Un nouveau procédé, baptisé CRISPR-Cas, allie désormais haute précision et capacité de modifier le texte génomique simultanément à plusieurs endroits. Des motifs d’inquiétudes demeurent néanmoins.

Le génome peut être comparé à une partition musicale. De la même manière qu’une partition indique aux musiciens d’un orchestre comment et à quel moment jouer, le génome dicte aux composants cellulaires (généralement des protéines) ce qu’ils doivent faire. Une partition peut également inclure des indications du compositeur, mettant en évidence de possibles variations et nuances qui peuvent être ajoutées ou omises en fonction des circonstances. Dans le génome, ces « indications » sont le fruit de plusieurs générations de survie des cellules dans un environnement en perpétuelle évolution.

Le programme génétique de l’ADN est quant à lui semblable à un livre fragile : l’ordre de ses pages peut être modifié, voire certaines pages être déplacées vers le programme d’une autre cellule. Si une page est par exemple plastifiée, elle risque moins de s’abîmer pendant son déplacement. De même, les éléments d’un programme génétique protégés par un revêtement solide sont plus susceptibles d’envahir une variété de cellules, puis de se reproduire en même temps que la cellule.

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