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Des crises financières auto-réalisatrices

BERKELEY – La crise financière de 2008 et la récession qui l’a suivie ont appauvri le Nord global de 10 % par rapport aux prévisions de 2005. À ceux qui cherchent à mieux comprendre l’événement, je recommande depuis longtemps quatre livres, plus particulièrement : Histoire mondiale de la spéculation financière de 1700 à nos jours (1994 pour la 1re trad. française, Manias, Panics, and  Crashes, 1re éd. 1978) de l’économiste du XXe siècle Charles P. Kindleberger ; Cette fois, c’est différent (2010 pour la trad. française, This Time Is Different, 2009) de Carmen M. Reinhart et Kenneth S. Rogoff, tous deux enseignants à l’université d’Harvard ; The Shifts and the Shocks (non traduit, « Mutations et Chocs ») du commentateur économique au Financial Times Martin Wolf ; Hall of Mirrors, enfin (non traduit, « La Galerie des glaces »), de mon collègue de l’université de Californie à Berkeley, Barry Eichengreen.

Je voudrais aujourd’hui ajouter un cinquième ouvrage à cette liste : A Crisis of Beliefs: Investor Psychology and Financial Fragility, (non traduit, « Une crise de croyance : psychologie de l’investisseur et fragilité financière ») par les économistes Nicola Gennaioli et Andrei Shleifer. (Pour ne rien cacher, Shleifer était mon compagnon de chambre à l’université et à la faculté et je lui dois à peu près toutes les compétences positives ou la réputation que j’ai pu acquérir depuis).

A Crisis of Beliefs est un livre important. Pour trois raisons. La première est qu’il offre une réplique bienvenue à ceux qui clament que la décennie venant de s’écouler ne fut que l’inévitable conséquence de la bulle immobilière aux États-Unis. Nombre d’experts tiennent encore que le dégonflement de la bulle a déclenché la crise financière. Mais à la vérité, elle avait déjà passablement désenflé lorsque la crise a éclaté.

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