Le court-termisme des entreprises dans l’ombre de la falaise budgétaire

CAMBRIDGE – Les tendances économiques sont parfois plus étroitement liées les unes aux autres que ne le laissent entendre les médias d’actualité. Nous sommes par exemple régulièrement informés des difficultés financières des États, telles que « falaise budgétaire » aux États-Unis et crise de la dette en Europe. Beaucoup d’attention a également été consacrée, bien souvent dans des articles d’opinion, à l’hypothèse selon laquelle l’hyperactivité des marchés boursiers, particulièrement aux États-Unis et au Royaume-Uni, obligerait les grandes entreprises à se concentrer de manière disproportionnelle sur les résultats financiers à court terme, aux dépends des investissements à long terme de l’économie de leur pays.

Ces deux aspects ne sont pas étrangers l’un à l’autre. Et l’examen du lien qui les unit nous offre l’opportunité d’évaluer les faiblesses et les ambiguïtés de l’argument ancestral selon lequel l’extrême abondance des échanges boursiers restreindrait l’horizon temporel des entreprises.

Le raisonnement conventionnel consiste à considérer que dans la mesure où les traders procèdent plus fréquemment à l’achat et à la vente d’actions de sociétés, ils conduisent les dirigeants d’entreprise à envisager des horizons de plus en plus limités. Face au refus des investisseurs institutionnels de détenir des actions plus de quelques mois, il est nécessaire – toujours selon cette conception –  que les horizons temporels des PDG quant à leurs projets d’entreprise se limitent à peu près à la même période.

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