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Débat autour du mythe de la confiance

LONDRES – En 2011, le prix Nobel d’économie Paul Krugman évoquait le discours conservateur relatif aux déficits budgétaires en utilisant des expressions telles que « oiseaux de proie obligataires », ou encore « magie de la confiance ». Selon lui, à moins que les gouvernements ne réduisent leur déficit, ces oiseaux de proie se jetteraient alors sur eux en forçant la hausse des taux d’intérêt. Par opposition, en cas de réduction effective de ces déficits, la magie de la confiance récompenserait les gouvernements en stimulant la dépense privée dans une mesure supérieure à l’effet de dépression entraîné par cette réduction.

Krugman considérait l’argument de l’ « oiseau de proie obligataire » comme valide pour seulement quelques pays tels que la Grèce, estimant en revanche la « magie de la confiance » tout aussi imaginaire que l’existence de la petite souris. La réduction d’un déficit en pleine période de récession ne saurait ainsi amorcer la reprise. Si le discours politique peut parfois stopper l’adoption d’une bonne politique, il ne peut empêcher sa réussite. Plus important encore, ce discours ne peut faire fonctionner une politique lorsque celle-ci est mauvaise.

J’ai récemment débattu de cette question avec Krugman lors d’un événement organisé par le magazine New York Review of Books. Mon argument consistait à faire valoir que les prévisions défavorables pouvaient affecter les résultats d’une politique, et pas seulement els chances que cette politique soit adoptée. Par exemple, si les citoyens considéraient l’emprunt public comme un simple impôt différé, ils épargneraient sans doute davantage afin d’honorer leurs futurs prélèvements d’impôts.

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