benami141_RAUL ARBOLEDA_AFP_Getty Images RAUL ARBOLEDA/AFP/Getty Images

L’accord de paix colombien est menacé

MADRID – En 2016, le gouvernement colombien a conclu un accord de paix historique avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), mettant un terme à une guerre de cinquante-deux ans, qui a tué plus de 265 000 Colombiens et en a déplacé sept millions. Le pacte a été salué comme un nouveau modèle de résolution de ce type de conflits inextricables. Mais il est aujourd’hui mis à l’épreuve, comme jamais auparavant.

Il serait suffisamment difficile, dans le contexte le plus favorable, d’éradiquer les causes profondes d’un conflit qui a duré aussi longtemps. Ivan Duque Márquez ayant gagné la présidence de la Colombie, cela le deviendra beaucoup plus. Le mentor de Duque était l’ancien président Álvaro Uribe, ennemi juré, dans l’arène politique, de Juan Manuel Santos, architecte de l’accord de paix et prédécesseur immédiat du nouveau président. 

Déjà, Duque a refusé de reconnaître les principaux piliers de l’accord, à commencer par le statut de parti politique légal pouvant participer à des élections démocratiques obtenu par les FARC. Il a également rejeté la Jurisdicción Especial para la Paz (JEP – juridiction spéciale pour la paix), un nouveau tribunal, indépendant du système judiciaire ordinaire, dont la création fut un des points de l’accord, en vue d’établir une justice transitionnelle – suite aux séquelles laissées par les exactions des FARC et des organisations paramilitaires d’extrême-droite qui les combattaient.

https://prosyn.org/5GSv3uAfr