L’anti-doctrine Obama

DENVER – Le président américain Barack Obama a très certainement eu raison de renoncer à se rendre au sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) de Bali, en Indonésie, et de s’attacher davantage à remédier aux pathologies politiques du Congrès américain. Mais bien qu’elle se soit révélée judicieuse, cette décision a eu pour effet de relancer une interrogation de plus en plus présente au sein de la région est-asiatique : qu’en est-il aujourd’hui de la stratégie du « pivot » vers l’Asie formulée par le président américain ?

Élaborée sur la base d’une reconcentration tardive de ressources et d’une attention jusqu’alors investis dans les conflits armés et autres défis urgents du Moyen-Orient en direction désormais de l’immensité des opportunités de la région Asie-Pacifique, la stratégie du pivot vantée par l’Amérique s’est immédiatement heurtée à nombre de conséquences inattendues (revers de la médaille d’une politique incohérente et mal articulée).

Tout d’abord, le retrait des troupes américaines d’Irak et d’Afghanistan a été perçu comme une relégation des intérêts américains au Moyen-Orient. Ces retraits étant survenus à la veille du bouleversement du Printemps arabe, l’administration Obama fait depuis lors face avec difficulté à cette conséquence involontaire de la stratégie du pivot. L’auteur de la malheureuse formule du « leadership par l’arrière » mené par l’administration a de son côté aggravé le problème.

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