cda67f0346f86f900c795f0c_m4688c.jpg Barrie Maguire

La folie syrienne de la Chine

NOTTINGHAM – En opposant son véto au projet de résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la Syrie, la Chine déclare avoir agi dans les intérêts du peuple syrien. Elle a développé cette position dans le People’s Daily, le journal du Comité Central du Parti Communiste, au sein d’un commentaire signé du pseudonyme Zhong Sheng. Les caractères pour « Zhong Sheng » signifient « le son d’une cloche », mais ils sont phonétiquement équivalents à « la voix de la Chine ». Le jeu de mot n’était pas un hasard : la voix de la Chine sur le sujet est aussi claire qu’un cloche.

Les arguments principaux du commentaire étaient que les grandes puissances ne peuvent utiliser pas les Nations Unies comme un instrument pour changer le régime en Syrie, et qu’il est préférable que les problèmes à multiples facettes et éminemment complexes du pays soient résolus par des moyens politiques et des négociations internes. Si la Chine (et la Russie) n’avait pas fait usage de son droit de véto, on aurait assisté à une reproduction du scénario libyen : les puissances européennes, soutenues par les Etats Unis, auraient été au-delà du mandat des Nations Unies et utilisé les « rebelles » locaux pour évincer le gouvernement syrien.

L’important, dans la décision de la Chine au Conseil de Sécurité, est que les intérêts nationaux vitaux de la Chine n’étaient pas en jeu, au moins pas directement ni immédiatement. Ceci marque un changement par rapport à l’utilisation qu’elle faisait de son droit de véto par le passé. Le commentaire dans le People’s Daily reflète également ce nouveau sentiment de confiance. Aujourd’hui, le gouvernement chinois veut que le reste du monde sache pourquoi elle a fait usage de son droit de véto – et entend que sa décision soit respectée.

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