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L’avenir d’une Chine à revenu élevé

LONDRES – « Et si c’était pour le meilleur et pour le pire ? » demande Jack Nicholson en traversant la salle d’attente de son psychiatre dans le film éponyme. Et s’il était donc, quoi qu’on veuille, impossible de faire mieux ? Lors de la récente réunion des ministres des Finances du G-20, à Shanghaï, les participants se sont posé à peu près la même question – et il ne s’agissait pas seulement des perspectives à moyen terme d’une croissance mondiale faible. Beaucoup se demandent aujourd’hui si le taux de croissance actuel de la Chine n’est pas, pour de longues années, le meilleur qu’on puisse espérer – et s’attendent, peut-être, à pire.

Pour savoir si ces craintes sont fondées, il faut comprendre les raisons du ralentissement économique chinois. Certains en proposent une explication simple : la Chine, ainsi que d’autres grandes économies émergentes, est tombée dans le « piège » redouté du revenu intermédiaire, et elle est incapable de tracer sa voie jusqu’au statut de pays avancé. Mais c’est faire l’hypothèse d’une force ou d’une tendance exogène en raison de laquelle ces pays se maintiendraient à un certain niveau de revenu – un point de vue que les recherches, l’une après l’autre, démentent.

Certes, un pays doit souvent lutter pour accéder au statut de pays à revenu élevé. Selon la Banque mondiale, 13 pays seulement, sur les 101 pays à revenu moyen ainsi catégorisés en 1960, avaient atteint, en 2008, le statut de pays à revenu élevé. De plus, certains pays à revenu moyen, après une période prometteuse de croissance, sont restés « piégés » à un certain niveau de revenu par habitant. L’Argentine, par exemple, a vu son revenu par habitant progresser au même rythme, entre 1870 et 1940, que celui des États-Unis ; depuis, le fossé n’a cessé de se creuser. Ainsi, même des pays parvenus au statut de revenu élevé régressent parfois vers un revenu intermédiaire.

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