roach113_XinhuaZhang Ailin via Getty Images_coronaviruschinaeconomyfactoryworker Xinhua/Zhang Ailin via Getty Images

Lorsque la Chine éternue

NEW HAVEN (CONN.) – L’économie mondiale, c’est indéniable, a pris froid. L’épidémie de Covid-19 survient en un point particulièrement vulnérable du cycle économique. La production mondiale n’a augmenté en 2019 que de 2,9 % – le rythme le plus lent depuis la crise financière de 2009-2009, à 0,4 point seulement du seuil des 2,5 %, généralement associé à une récession mondiale.

Cette vulnérabilité s’est en outre accrue, dans la plupart des économies importantes, au cours de l’année dernière, ce qui rend plus incertaines encore les prévisions pour l’année 2020. Au Japon, quatrième économie mondiale, la contraction de la croissance, au quatrième trimestre, correspondrait, en rythme annuel, à une chute de 6,3 % – beaucoup plus abrupte qu’on ne la prévoyait, après une nouvelle augmentation de la taxe sur la consommation. Au mois de décembre, la production industrielle a brusquement chuté tant en Allemagne (-3,5 %) qu’en France (-2,6 %), respectivement les cinquième et dixième économies mondiales. Les États-Unis, la deuxième économie mondiale, semblent en comparaison relativement résilients, mais on ne peut guère qualifier de boom une croissance du PIB réel (ajusté de l’inflation) de 2,1% pour le quatrième trimestre de 2019. Et en Chine – aujourd’hui la première économie à parité de pouvoir d’achat –, la croissance a ralenti, pour atteindre son niveau le plus bas depuis vingt-sept ans, à 6 % pour le dernier trimestre de 2019.

Pour le dire autrement, il n’y avait pas, en ce début d’année, de marges de manœuvre pour un accident. Et pourtant, l’accident a eu lieu : le choc du Covid-19 en Chine. Au cours du mois dernier, la combinaison de mesures de quarantaine sans précédent dans la province de Hubei (qui compte 58,5 millions d’habitants) et de restrictions draconiennes des déplacements d’une ville à l’autre (tout comme des déplacements internationaux), a peu ou prou conduit l’économie chinoise au point mort. Les indices de l’activité quotidienne calculés par l’équipe Chine de Morgan Stanley soulignent le caractère national de la perturbation. Pour février 2020, la consommation de charbon (soit encore 60 % de l’énergie totale consommée en Chine) est en baisse de 38 % par rapport à l’année précédente, et les comparaisons pour ce qui concerne les transports à l’échelle nationale révèlent une dégradation plus importante encore ; le retour dans les usines de presque 300 millions de travailleurs migrants après les vacances du nouvel an lunaire s’est donc avéré extrêmement difficile.

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