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Faut-il tuer l'intelligence artificielle ?

WASHINGTON – Le monde entier est stupéfait des progrès inouïs réalisés en si peu de temps par l'intelligence artificielle (IA). Or des personnalités influentes viennent de réagir en faisant une proposition mal inspirée : tirer le frein d'arrêt d'urgence du développement de l'IA. Dans une lettre ouverte, Elon Musk, Steve Wozniak, cofondateur d'Apple, de nombreux dirigeants d'entreprise, des universitaires connus et des milliers d'autres signataires demandent "de suspendre d'au moins 6 mois l'apprentissage des systèmes d'IA". CBS News a récemment demandé à Geoffrey Hinton, l'un des pionniers de l'apprentissage profond (deep learning) à l'origine des progrès récents, si l'IA n'allait pas "anéantir l'humanité".

Comme toujours quand apparaît une nouvelle technologie, beaucoup de commentateurs craignent qu'elle ne supprime le besoin de travailleurs humains. Une enquête d'Ipsos menée l'année dernière montre que moins de la moitié des Américains pensent que l'IA est porteuse de plus d'avantages que d'inconvénients.

Cet appel à une pause montre l'IA générative diffère de tout ce que nous avons connu jusqu'ici. ChatGPT d'OpenAI est si évolué qu'il peut à s'y méprendre mener une discussion avec un être humain, produire une rédaction de meilleure qualité que nombre d'étudiants, écrire ou corriger des codes informatiques. Le Financial Times a montré récemment que ChatGPT et Bard, le chatbot (robot conversationnel) expérimental de Google, peuvent dire des plaisanteries d'assez bonne qualité, écrire des slogans publicitaires, faire des choix ou imaginer une conversation entre Xi Jinping et Vladimir Poutine.

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