brexit london DANIEL LEAL-OLIVAS/AFP/Getty Images

Le Brexit et l’ordre européen

BERLIN – Il ne reste plus que quelques mois avant que le Royaume-Uni ne quitte officiellement l’Union européenne. Jusqu’à présent, le débat sur le Brexit s’est maintenu, pour l’essentiel, dans le cadre économique. Si le Royaume-Uni devait s’éjecter du bloc européen sans accord mutuel de sortie, les dégâts seraient probablement importants. Et dans l’état actuel des choses, cet accord est loin d’être garanti.

Un Brexit « dur » signifierait qu’à onze heures du soir (GMT), le 29 mars 2019, l’adhésion du Royaume-Uni à tous les traités de l’UE – par exemple l’union douanière et le marché unique – et à tous les accords commerciaux signés par celle-ci prendrait automatiquement fin. La Grande-Bretagne ne sera plus dès lors qu’une tierce partie, et les conséquences pour le commerce européen – notamment le chaos aux frontières britanniques – en seront très lourdes.

Mais le Brexit aura aussi, bien sûr, d’importantes conséquences politiques. Dans le quotidien de la vie des affaires, l’UE est plutôt perçue comme union douanière et marché commun. Mais au fond, c’est un projet politique, fondé sur une idée particulière de l’architecture des États européens. C’est de cette idée dont il est vraiment question avec le Brexit – et non du volet économique. Et c’est pourquoi la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne – avec ou sans accord de sortie – aura sur l’ordre européen au XXIe siècle de profondes retombées.

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