Politique industrielle : le cas du Brésil

SAO PAULO – Peu de concepts économiques ont été aussi loués et vilipendés à la fois que celui de la politique industrielle. Ses partisans, notamment ceux ayant étudié l’émergence des économies est-asiatiques, ne jurent que par elle. Ses adversaires voient rouge à la simple mention du terme. Les premiers font valoir le développement économique qu’elle induit. Les seconds estiment que des dizaines, ou des centaines, voir des milliards de dollars ont été dépensés en pure perte.

Un des récents points de (mé)contentement est celui des énergies renouvelables. Au plan mondial, 184 milliards de dollars ont été alloués ces dernières années à des investissements publics dans les énergies propres, avec en tête les Etats-Unis (67 milliards), suivis de la Chine (47 milliards). Certains progrès ont été enregistrés – l’énergie éolienne représente par exemple 20 pour cent de la consommation en électricité au Danemark, et près de 15 pour cent en Espagne et au Portugal – mais on ne peut pas encore parler de succès à grande échelle.

A cet égard, la politique brésilienne de promotion des combustibles renouvelables, entamée dans les années 1970, revêt une pertinence directe par rapport aux vues polarisées actuelles concernant la politique industrielle. Le programme de politique industrielle sur 10 ans, appelé Pro-álcool, a eu une importance fondamentale pour le développement de cette industrie. Le Brésil est aujourd’hui le producteur mondial le plus compétitif de combustibles renouvelables, principalement sous forme de bioéthanol. Ce combustible représente plus de 50 pour cent du carburant utilisé par les véhicules légers, et Petrobras – le géant énergétique brésilien et l’une des principales sociétés d’Amérique latine – s’attend à ce que cette part s’élève à 80 pour cent d’ici 2020.

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