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Les sanctions économiques ne vont pas apporter la paix en Éthiopie

ADDIS-ABEBA/CHICAGO – La récente décision de l'administration du président américain Joe Biden de révoquer l'éligibilité de l'Éthiopie à la Loi sur la croissance et les perspectives économiques de l'Afrique (AGOA) a relancé le débat sur l'efficacité de l'imposition de sanctions économiques aux pays pauvres. L'administration a cité au motif de cette décision des « violations flagrantes des droits de l'homme internationalement reconnus » dans le conflit au Nord de l'Éthiopie. Mais il n'est pas certain que l'exclusion de l'Éthiopie de ce programme mette fin aux violations, surtout compte tenu de l'implication de multiples acteurs étatiques et non étatiques dans le conflit.

L'AGOA offre aux pays éligibles d'Afrique subsaharienne un accès en franchise de droits au marché américain pour certains produits. L'Éthiopie risque de perdre un accès préférentiel à une part de marché d'une valeur de 240 millions de dollars, équivalente à environ 9 % des exportations totales du pays. La perte va surtout peser sur les industries de l'habillement et du cuir, qui emploient environ 200 000 personnes, dont la plupart sont des femmes.

En général, rien dans la documentation ne soutient l'idée consistant à utiliser des sanctions économiques internationales dans le but d'influencer le comportement politique des gouvernements. Les explications existantes sont tirées du modèle Heckscher-Ohlin du commerce international, selon lesquelles un pays bénéficie de l'exportation de marchandises produites avec ses ressources les plus abondantes et de l'importation de marchandises qui utilisent des ressources qui sont rares. Si des sanctions sont imposées et que les échanges commerciaux sont limités, l'équilibre de l'offre et de la demande du pays sera perturbé et le bien-être général déclinera – ce que les dirigeants politiques souhaitent éviter.

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