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Le piège colonial

NEW YORK – Le 20 février1947, le Premier ministre britannique travailliste de l’époque, Clement Attlee, annonçait au Parlement que l’Inde accéderait à l’indépendance, au plus tard en juin 1948. Attlee jugeait opportun de se désengager au plus vite d’un pays dont les dirigeants, hindous et musulmans, réclamaient depuis longtemps l’émancipation. Mais l’Inde était en proie à des troubles violents. Les dirigeants musulmans s’inquiétaient d’une hégémonie hindoue. Préoccupé par l’éventualité d’une guerre civile qui placerait les Britanniques devant une situation échappant à tout contrôle, Attlee décida de mettre fin au Raj britannique plus tôt que prévu.

L’Inde devint indépendante le 15 août 1947. Puis, le Pakistan fit sécession. Des massacres d’une violence inouïe éclatèrent entre les communautés hindoue et musulmane, faisant plus d’un million de morts, selon les estimations les plus hautes. Des millions d’autres familles perdirent leur foyer. Les blessures de la partition de l’empire britannique des Indes ne sont pas encore cicatrisées.

Attlee fut critiqué de toutes parts pour un retrait jugé prématuré, qui plongea l’ancienne colonie dans le chaos. Si seulement une force de police plus compétente avait été formée. Si seulement l’armée avait pu maintenir l’ordre. Si seulement les Britanniques étaient partis une fois la stabilité du pays assurée.

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