andrews6_MUMENKHATIBAFPGettyImages_UStankerGulfofOman Mumen Khatib/AFP/Getty Images

Le Golfe du déni plausible

MAZAN, FRANCE – Quel sera le prochain acte de guerre perpétré au Moyen-Orient ? Le 12 mai dernier, quatre navires pétroliers situés dans le Golfe – deux saoudiens, l’autre émirati, et le dernier norvégien – étaient attaqués aux explosifs pendant qu’ils jetaient l’ancre près du détroit d’Ormuz. Le lendemain, dans le golfe d’Oman, tout juste au-delà du détroit, deux autres pétroliers (japonais et norvégien) étaient frappés par des mines. Le gouvernement américain désigne l’Iran comme le coupable évident, tandis que Téhéran se dit victime de ce que le président américain Donald Trump appellerait des « fake news ».

Quel que soit le coupable, le risque d’escalade dangereuse est réel. Depuis que l’Iran a abattu un drone de surveillance américain, les récriminations mutuelles s’intensifient, et le risque de guerre ouverte augmente.

Le détroit d’Ormuz, point de passage entre le golfe Persique/Arabique (le choix même de l’adjectif est politiquement sensible) et le golfe d’Oman puis l’océan Indien, est un goulet d’étranglement large de 34 km, où transite un cinquième des acheminements de pétrole brut de la planète. Selon la logique économique, une fermeture, voire un simple rétrécissement du détroit engendrerait montée du prix du pétrole et récession mondiale. Selon la logique politique, une menace sur les approvisionnements les plus économiquement vitaux de la planète pourrait conduire à une intervention militaire de l’Amérique et d’autres puissances extérieures – qui ajouterait un conflit régional supplémentaire à ceux de Syrie, du Yémen et d’Afghanistan.

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