the league supporters italy Emanuele Cremaschi/Getty Images

Le populisme des retraités va-t-il s’installer ?

MILAN – Le populisme de droite qui a surgi ces dernières années dans de nombreuses démocraties occidentales pourrait durer bien plus qu’un feu de paille dans le paysage politique. Au-delà de la crise économique mondiale déclenchée en 2008 puis de la crise migratoire, qui créèrent toutes deux le terreau fertile des partis populistes, le vieillissement de la population occidentale va continuer d’infléchir les dynamiques politiques en faveur des populistes.

Il apparaît en effet que les électeurs âgés sont plutôt sympathisants des mouvements nationalistes. Au Royaume-Uni, les personnes âgées ont voté massivement en faveur du départ de l’Union européenne, et ce sont elles qui, aux États-Unis, ont offert la présidence à Donald Trump. Ni le parti Droit et justice (PiS) en Pologne, ni le Fidesz en Hongrie ne seraient parvenus au pouvoir sans le soutien enthousiaste des plus vieux. Et en Italie, la Ligue doit son succès, en bonne part, à la façon dont elle a su exploiter le mécontentement du troisième âge dans le Nord. Seule Marine Le Pen, du Rassemblement national (ex Front national) en France – ainsi, peut-être, que Jair Bolsonaro au Brésil – peut compter, parmi les populistes de l’heure, sur le soutien des jeunes électeurs.

Le printemps prochain, cette structure du vote pourrait décider du résultat des élections au Parlement européen. Selon de récentes études, les Européens âgés – notamment les moins éduqués d’entre eux – se montrent plus défiants à l’égard du projet européen et accordent moins de crédit au Parlement européen que les plus jeunes. C’est un fait surprenant, car le souvenir de la Seconde Guerre mondiale et son héritage devraient être plus vivants chez les générations du troisième âge. Leur scepticisme envers les institutions démocratiques de l’UE peut néanmoins expliquer qu’elles considèrent favorablement les dirigeants autoritaires.

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