mw517c.jpg Matt Wuerker

L'Amérique après l'élection présidentielle

NEW-YORK – Après une campagne électorale féroce qui a coûté plus de 2 milliards de dollars, beaucoup d'observateurs ont l'impression que la vie politique américaine n'a guère changé. Obama est toujours président, les républicains contrôlent toujours la Chambre des représentants, tandis que les démocrates conservent la majorité au Sénat. Néanmoins, début 2013 l'Amérique va être confrontée à une "falaise fiscale" (la hausse automatique des impôts et une baisse des dépenses qui va probablement pousser l'économie dans la récession, à moins d'un accord bipartisan sur une autre politique budgétaire). Dans ces conditions, peut-on imaginer quelque chose de pire que la prolongation de l'impasse politique actuelle ?

Malgré tout, l'élection a eu quelques conséquences salutaires - au-delà de montrer que l'argent dépensé à flot par les entreprises ne suffit pas à acheter une élection et que l'évolution démographique peut venir à bout de l'extrémisme républicain. La campagne explicite des républicains pour empêcher certains citoyens de voter dans quelques Etats (comme en Pennsylvanie où ils ont essayé de rendre plus difficile aux Afro-américains et aux Latinos de s'enregistrer pour voter) s'est traduite par un retour de bâton : cela a poussé vers les urnes ceux dont les droits furent ainsi menacés. Au Massachusetts, Elisabeth Warren, professeur à Harvard, a remporté un siège au Sénat. C'est une infatigable battante en faveur des réformes destinées à protéger les citoyens des pratiques abusives des banques.

Certains des conseillers de Mitt Romney ont été surpris par la victoire d'Obama : l'élection ne devait-elle pas se jouer sur l'économie ? Ils étaient persuadés que les électeurs avaient oublié comment, dans leur zèle dérégulatoire, les républicains avaient poussé l'économie au bord de l'abîme et comment leur intransigeance au Congrès avait empêché de mettre en œuvre une politique plus efficace après la crise de 2008. Les Américains, croyaient-ils, ne prêteraient attention qu'à la crise économique en cours.

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