c923590446f86f380e922228_pa2684c.jpg Paul Lachine

Les dangers de la réduction des déficits

NEW YORK – Une vague d’austérité budgétaire s’abat sur l’Europe et l’Amérique. Nombreux sont ceux qui ont été surpris par l’ampleur des déficits budgétaires – tout comme par l’ampleur de la récession. Et malgré les protestations des disciples de la dérégulation, qui souhaiteraient voir le gouvernement rester passif, la plupart des économistes estiment que ces dépenses gouvernementales ont fait la différence en permettant d’éviter une autre grande dépression.

La plupart des économistes s’accordent aussi sur le fait que c’est une erreur de ne regarder qu’une seule colonne d’un bilan (que ce soit pour le secteur privé ou le public). Il faut non seulement regarder ce que doivent les entreprises ou le pays mais aussi les actifs. Cela devrait permettre de répondre aux faucons de la finance et à leurs avertissements alarmistes à propos des dépenses du gouvernement. Après tout, même les faucons du déficit admettent que nous devrions nous attarder moins sur les déficits d’aujourd’hui que sur la dette nationale à long terme. Car investir dans l’éducation, les technologies et les infrastructures, peut en fait entrainer une baisse des déficits à long terme. La myopie des banques a contribué à créer une situation de crise ; nous ne pouvons pas admettre que la myopie du gouvernement – encouragé par le secteur financier –laisse perdurer plus longtemps cette situation.

Une croissance plus rapide et les retours sur les investissements publics rapportent plus de revenus fiscaux, et des retours de 5 à 6 % suffisent largement à compenser une augmentation temporaire de la dette nationale. Une analyse de la rentabilité sociale (qui prendrait en compte les impacts autres que sur le budget) fait apparaître que de telles dépenses, même lorsqu’elles sont financées par la dette, sont encore plus intéressantes.

https://prosyn.org/RObf1FEfr