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Thailande : une fin de partie sans fin

BANGKOK – L’hospitalisation du Roi Bhumibol Adulyadej a remis à l’ordre du jour une des questions qui préoccupe le plus la Thaïlande. Les luttes politiques dévastatrices des dernières années ont éveillé des inquiétudes au sujet de la fin de règne du monarque vieillissant de 81 ans en place depuis 63 ans.

La fin de partie de la Thaïlande s’articule autour de plusieurs évènements : le coup d’état militaire de 2006, l’actuelle constitution soutenue par les militaires et les élections de 2007, les manifestations de rues et les occupations de la Maison du Gouvernement et des aéroports de Bangkok en 2008, la coalition du gouvernement du Premier Ministre Abhisit Vejjajiva au pouvoir depuis janvier dernier et soutenue par les militaires, et les émeutes de Bangkok d’avril dernier. Ce qui est en jeu ici est l’âme d’une Thaïlande nouvelle, dont les répercussions devraient se ressentir dans les démocraties en développement partout dans le monde ainsi que dans la communauté internationale dans son ensemble.

La crise thaïlandaise haute en couleur oppose d’un côté les « chemises jaunes », plutôt issues du milieu urbain, conservatrices et royalistes aux « chemises rouges », principalement ruraux et fidèles de l’ancien Premier Ministre Thaksin Shinawatra. La Thaïlande connait un boom économique qui se prolonge depuis vingt ans mais la richesse se concentre principalement dans la région métropolitaine de Bangkok, une aubaine pour la classe moyenne bourgeonnante autour des villes mais profondément mal vécu par la majorité rurale.

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