China poor sidewalk bike Taro Taylor/Flickr

Le véritable défi de la réforme en Chine

LONDRES – On considère bien souvent comme acquis le phénomène selon lequel, tôt ou tard, le niveau de vie des économies émergentes serait voué à converger vers celui des pays développés. Or, à l’exception de quelques pays exportateurs de pétrole, ainsi que des cités-États de Hong Kong et Singapour, seuls trois pays – Japon, Corée du Sud et Taïwan – sont parvenus avec difficulté à atteindre, au cours des 60 dernières années, un PIB par habitant d’au moins 70 % de la moyenne des pays développés. La Chine espère aujourd’hui en faire de même. Elle est toutefois confrontée à un défi tout à fait particulier : une difficulté liée purement et simplement à la taille du pays.

Le Japon, la Corée du Sud et Taïwan se sont appuyés sur une croissance fondée sur les exportations afin de rattraper leur retard sur les pays développés. En revanche, la Chine – qui accueille près de 20 % de la population du globe, et représente 15 % de la production mondiale – est de trop grande taille pour se contenter de dépendre des marchés extérieurs. Si le pays entend franchir une nouvelle phase de développement, il lui faudra tracer un chemin différent vers la croissance – ce qui exigera la mise en œuvre de réformes plus difficiles que celles qui retiennent bien souvent notre attention.

Bien entendu, la croissance par les exportations a jusqu’à présent fondé l’ascension économique de la Chine, l’excédent de balance courante du pays ayant augmenté de 10 % du PIB en 2008. Pour autant, ces importants excédents sont en fin de compte impossible à maintenir dans la durée. Il n’existe tout simplement pas de demande d’importation suffisante dans le monde pour absorber les exportations sans cesse croissantes de la Chine.

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